euronews reporter - Le nouveau visage du syndicalisme en Russie

17 octobre 2012

http://fr.euronews.com/ "Pour Marx..." - c'est le nom du dernier film de Svetlana Baskova. Connue jusqu'ici dans les milieux underground, cette fois-ci elle vise un public plus large. Son film parle des syndicats indépendants dans la Russie d'aujourd'hui. Achevé début juin, le film a déjà été sélectionné par le jury de deux festivals en Russie et il a reçu un bon accueil de la presse. Pourquoi avoir choisi l'actualité sociale la plus brulante? "Les syndicats sont pour moi le symbole de l'envie que les gens ont de défendre leur dignité. Même s'ils ne peuvent pas, il veulent vraiment le faire. Les membres des syndicats le veulent tellement, qu'ils sont prêts à risquer leur travail. C'est la seule institution dans laquelle on peut croire" affirme-t-elle. Après l'éclatement de l'Union soviétique en 1991, les syndicats ont vécu une "décennie noire" avec une diminution drastique du nombre de membres, l'impossibilité de défendre les droits des travailleurs à cause du mauvais fonctionnement de l'état et de la justice. Les salaires impayés étaient une pratique courante qui provoquait des protestations dans tout le pays. Aujourd'hui le syndicalisme russe renaît: le nombre des syndicats indépendants ne cesse à croître. Une nouvelle génération de leaders est née, les travailleurs sont de plus en plus sensibles à la défense de leurs droits. Le parti politique "Union du Travail" vient aussi d'être créé. Le MPRA pour Syndicat interrégional des ouvriers de l'industrie automobile est l'un des syndicats les plus combatifs en Russie. Fondé en 2006, il compte aujourd'hui 4000 membres dans plusieurs régions où sont implantées les usines automobiles et les sous-traitants. A Kalouga l'activité du MPRA est coordonnée par Dmitry Kojnev: "Dans l'Union soviétique la réalité était toute autre : il n'y avait pas de confrontation entre l'employeur et le travailleur. Les syndicats étaient en fait une structure d'état qui s'occupait du social : ils payaient les vacances, distribuaient les places dans les crèches, fournissaient les appartements - tout ce que vous voulez sauf lutter pour les intêrets des travailleurs. Aujourd'hui nous sommes dans un système qui comporte tous les attributs du capitalisme, y compris la lutte des classes !" Depuis sa création, le MPRA s'est vite fait connaître par ses mouvements de grèves qui ont fait reculer les employeurs des usines Ford à Vsevoljsk près de Saint-Pétersbourg, Volksvagen à Kalouga, GM Avtovaz à Toliatti, et Avtoframos à Moscou. La dernière grève retentissante menée par le MPRA a eu lieu entre du 30 mars au 2 avril 2012 à l'usine Benteler Automotive. La direction refusait d'entamer les négociations sur la convention collective. Pendant trois jours les ouvriers et les membres du MPRA ont bloqué la production, provoquant une pénurie de pièces détachées à l'usine voisine de Volkswagen. Malgré les menaces d'employer la force, la direction a cédé et a du accepter de négocier. L'accord collectif vient d'être conclu. Si les activistes du MPRA qui bénéficient d'une immunité syndicale pendant les négociations, ce n'est pas le cas de Denis Filinnykh - simple ouvrier et membre du syndicat. Après sa participation à la grève, il a été licencié: "Le chef du service de la sécurité de l'usine m'a demandé si j'étais membre du MPRA. J'ai deviné qu'il insinuait que je devais le quitter et dans ce cas tout irait bien pour moi. Si je ne le faisais pas, j'aurais des problèmes. Nous nous sommes serrés la main et nous nous sommes quittés. Puis il m'a appelé le jour suivant et m'a demandé de signer un papier certifiant un jour d'absence. J'étais licencié pour "outrage au règlement intérieur", mais en fait pour un seul jour d'absence" raconte-t-il. Avec l'aide de l'avocat du MPRA, Denis a porté plainte en demandant d'être réembauché. Il pense avoir 90% de chance de gagner. Si c'est le cas, il se promet de s'engager encore plus aux côtés du MPRA. Selon le syndicat, la pression ne cesse d'augmenter. La police locale a essayé de forcer un des membres à fournir des informations sur les leaders du MPRA, ce qu'il a refusé. La nouvelle loi sur les rassemblements risque de compliquer les choses. Retrouvez nous sur : Youtube http://bit.ly/zr3upY Facebook http://www.facebook.com/euronews.fans Twitter http://twitter.com/euronewsfr

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